Notre première résidence de l’année, consacrée à l’adaptation de 5 pièces de Molière, vient de se terminer. Une résidence un peu particulière car, pandémie oblige, elle s’est déroulée de façon virtuelle. C’est à dire que chacun est resté travailler à la maison.
D’abord les lieux et les personnages
C’est donc des 4 coins (ou presque) de la planète que les auteurs ont commencé à écrire. Bruxelles - Belgique - pour Marie Vaiana (Critique de l’Ecole des Femmes) et Merlin Vervaet (Le mariage forcé), Marseille - France - pour Michel Bellier (L’impromptu de Versailles), Montréal - Canada - pour Marianne Dansereau (Les précieuses ridicules) et Saint-Louis - Sénégal - pour le guinéen Souleymane Thiâ’nguel Bah. Quant à notre petite équipe, c’est depuis Poznań, Paris et Avignon qu’elle intervenait.
Comment ça se passe, une résidence virtuelle ?
Afin de palier – un peu – à l’absence d’effervescence créatrice et d’émulation née d’une « vraie » résidence où tout le monde se voit, se croise, parle, mange, boit (parfois) ensemble, nous avons organisé de nombreux temps communs qui, s’il existaient grâce aux moyens techniques de la visio-conférence, n’en étaient pas moins aussi chaleureux que fertiles. Nous avons lus ensemble et à voix haute les textes en création, avons discuté du fond, de la forme, avons repris, réécrits, relus pour que petit à petit les intrigues s’affinent, les personnages prennent corps, leurs voix fassent écho à celle de Molière.
La voix de Molière
Parlons-en.
Rappelons que l’idée de revisiter, au format 10 SUR 10, certaines pièces de Molière est née de l’envie de rendre plus accessible et de faire connaître l’œuvre du dramaturge français aux jeunes du monde entier. Que l’initiative, si elle s’adresse à tous, est particulièrement dédiée, comme l’ensemble de notre programme, à ceux qui, en classe ou à l’université, apprennent le français à travers le monde.
Que si l’œuvre de Molière, de par sa langue, est difficile à aborder, et plus encore à jouer sur une scène, par des collégiens, des lycéens et même des étudiants étrangers, son propos lui demeure intemporel.
Molière dessinait les mœurs de son époque, croquait les portraits des notables fats, des courtisans pleutres, des vieillards cupides et égrillards, ridiculisait les médecins pédants et
incompétents, fustigeait les religieux hypocrites et surpuissants, faisait rire des débats et intrigues d’alors qu’il n’hésitait pas lui-même à faire évoluer au fil du temps pour les besoins de
l’actualité d’alors.
Des satires et des personnages transposables
Car tel est bien le génie de Molière. Avoir parlé de son époque en parlant de toute. Et si l’environnement a changé, la plupart des problématiques soulevées par Molière demeurent : au lieu
de vouloir rassembler en leur salon les plus brillants esprits, les Précieuses de Marianne Dansereau rêvent d’accumuler le plus grand nombre de « followers » sur les réseaux,
l’influence du médecin omnipotent est remplacée par celle du marabout confit de religion chez Souleymane Thiâ’nguel Bah tandis que les Femmes savantes se font végan chez Laurent Van Wetter dans le tome 6 paru en
2019.
L’hommage de ceux d’aujourd’hui à celui d’hier
Ce travail d’adaptation en format court est avant tout un hommage au génie de Molière. Un double hommage puisqu’il s’agit pour les auteurs actuels de transposer en conservant l’esprit et les personnages, sous le contrôle, bienveillant mais ô combien sérieux de la Maison même du grand Jean-Baptiste, la Comédie-Française, partenaire, relecteur et conseiller actif depuis le début de cette aventure.
Que la fête commence donc !
Foin maintenant de propos chagrins, de réserves timorées, de nostalgie sans fondement, place à la comédie, aux rires partagés, aux tourbillons d’énergie qui requinquent ! Les manuscrits ont
été rendus, nous avons trinqués – virtuellement certes mais le verre y était ! – à la réussite de cette belle mission. Quelques relectures encore et bientôt le doux bruit de la rotative,
l’odeur discrètement piquante de l’encre encore humide sur le papier tout neuf, l’émotion d’ouvrir le premier exemplaire de ce tome 9 bonus… Dans quelques mois donc. En attendant, excellents
moments de théâtre à tous !
Merci
Aux auteurs,
À nos partenaires de la Comédie-Française, en particulier à Eric Ruf, Laurent Muhleisen et Marine Jubin
Aux partenaires dont le soutien nous permet de poursuivre l’aventure
À Jean-Baptiste P., sans qui ce nouveau recueil n’aurait pu exister.
Écrire commentaire