Quels fruits nous apportera la résidence d'écriture de cette année?

Prenez 10 auteurs venus des quatre coins du monde francophone, enfermez-les dans un château ceinturé par la neige. En arrière-plan, les Carpates. Ajoutez un feu de cheminée le soir, une poignée de pierogi, un zeste de bain russe et un abreuvoir de vodka. Laissez macérer 10 jours en ouvrant régulièrement les fenêtres vers l’extérieur... Vous obtiendrez 10 textes. 10 pièces courtes destinées à composer le tome 5 de la collection 10 SUR 10.

En préambule

Que ceux qui ne connaissent pas encore nos recueils de pièces francophones se rendent sans tarder sur les liens suivants. Ils y apprendront tout ce qu’il faut savoir sur le programme d’apprentissage de français par le théâtre mis au point par Drameducation, y feront connaissance avec les auteurs ayant déjà écrits pour la collection ainsi que les lauréats de cette année. Ils entreront dans les coulisses de nos précédentes résidences, prendront connaissance de l’appel à projet 2018 ainsi que des nombreuses vies données aux textes une fois publiés. 

Une résidence comme trait d’union

Rappelons le principe de la résidence d’écriture. Il s’agit de réunir 15 jours durant 10 auteurs préalablement sélectionnés afin que chacun écrive une courte pièce à destination de jeunes apprenant le français. Le vocabulaire doit être simple, les phrases courtes, rythmées, les thématiques susceptibles d’intéresser un public de jeunes gens. Les 10 textes écrits durant la résidence seront publiés en un même recueil, constituant le 5ème tome de la collection 10 SUR 10. La résidence s’ancre autour de moments de travail collectif avec lectures à voix haute des textes, débats autour de l’intrigue, des personnages, du style. Sont également prévus des ateliers d’écriture avec des collégiens et lycéens, des immersions dans la culture polonaise – et notamment ses délicieuses traditions culinaires ! Des découvertes, des rencontres, des échanges qui influencent, qui colorent, qui enrichissent une écriture, créant un contexte de travail unique et fécond.

Rendez-vous au Château

Le sol, les arbres, l’escalier donnant sur le noble porche à colonnades : tout est recouvert d’une épaisse couche de neige blanche immaculée lorsque notre petit groupe arrive au château de Dwór Sieraków, à quelques kilomètres au nord-est de Cracovie. Sitôt franchi le seuil, la tiédeur d’un feu de bois nous parvient, l’on foule les épais tapis recouvrant le parquet ciré, les lourdes tentures encadrent les portes-fenêtres ouvrant sur un vaste parc où l’on devine les silhouettes des arbres sous tant de blanc. Canapés, sofas, fauteuils acajou rythment les salons tout droits sortis d’un roman anglais. Tout y est, la chaleur, l’intimité et la pointe de mystère qui titille l’imaginaire et amorce la création. Nous sommes le 26 janvier. Tous les auteurs sont arrivés (à l’exception d’un seul que nous attendons pour le 30), l’aventure peut commencer.

Au travail !

Chacun s’est présenté, nous avons déjeuné, dîné tous ensemble, avons découvert le parc, le château, dégusté le ponchek – gâteau traditionnel polonais, testé la vodka. Le dimanche a été en partie consacré à la visite de la mine de sel de Wieliczka, le travail peut commencer. Très vite, le rythme est trouvé. Chacun s’installe dans son coin favori, chambre, petit salon, cheminée, extérieur même pour les moins frileux. L’on réfléchit beaucoup, l’on écrit, un peu, et le soir, l’on expose ses premières idées. Et on commente. Certains ont déjà commencé à écrire, d’autres ébauchent tout juste une histoire, esquissent leurs personnages. Les échanges donnent des idées, la confiance commence à se tisser.

Écrire, lire, parler, réécrire, relire...

Les premières lectures à voix haute sont intimidantes, représentent de véritables épreuves pour certains auteurs. Mais la confiance est là, le regard des autres est perçu comme une richesse, un encouragement, une chance alors que l’écriture est un exercice si solitaire. La peur s’estompe alors. On lit, et l’on s’aperçoit que le travail ne fait que commencer. Que l’équilibre est difficile entre sa propre créativité, la cohérence d’une « bonne histoire », l’exigence de convenir à ce public particulier de jeunes en apprentissage de la langue.

Jusqu’au dénouement

Chaque jour, les textes prennent forme. Se modèlent, pour acquérir, par petites touches, un contour plus précis, une allure plus définitive. Les premiers textes « entiers » sont lus : « Poser ses valises », de Penda Diouf, parle d’identité, de quartiers pauvres. « Amédée sur la plage », de Luc Tartar, suit le périple d’une bouteille jetée à la mer avec un mégot, et beaucoup d’amour. 

Résidence d'auteurs 10 SUR 10 à Dwór Sieraków

Jours après jour les moments d’écriture alternent avec les lectures à voix haute. Les pièces sont plus structurées, les personnages plus étoffés, les narrations plus fluides. Parfois aussi, la pression monte, il faut retravailler, reprendre encore, retrouver ce personnage égaré, repenser cette situation, trouver d’autres mots. Mais en ce dernier jour, les mots sont beaux, les phrases coulent, les ambiances sont posées, les personnages existent. Ils nous entraînent dans leur histoire, dans leurs histoires. Mission accomplie !

Et puis aussi

Des rencontres avec les jeunes

Entre deux séances d’écriture, de lecture, de débat, les auteurs ont été très sollicités : ils ont rencontré les élèves de l’école bilingue de Cracovie qui les ont littéralement noyé de questions aussi intéressantes qu’exprimées dans un excellent français. Au programme ensuite, atelier d’écriture, suivi d’une petite mise en espace des scénettes inventées, puis séance photos et dédicaces. Le lendemain, rencontre et ateliers avec les élèves du lycée de Tarnow.  Un autre soir, lecture chez l’habitant : les enfants, les parents, les voisins, sur l’escalier, dans la salle à manger, tout le monde participe !

D’inoubliables visites

Aussi importante que la rencontre avec les jeunes qui constituent leur futur public, la rencontre avec la culture polonaise était au programme de cette résidence. Nous avons arpenté les rues de la belle Cracovie. Dégusté de succulentes soupes au cœur de quartier juif . Patiné. Nous sommes réchauffés d’épais chocolats chauds aux milles parfums. Plus tard, nous avons chanté, dansé, bu de l’excellente vodka aux herbes – et donc très probablement rechanté... 

Les batailles de boules de neige ont fait rage, les escapades gourmandes également. Nous avons acheté des souvenirs, arboré nos T-shirt 10 sur 10.

Nous avons visité le camp d’Auschwitz. Avons, chacun de notre côté, pleuré devant les cheveux, les dents, les lunettes, les chaussures ou pleuré tout simplement, devant rien.

Puis nous avons retrouvé Cracovie, notre château, la « famille » que nous formions pour 15 jours. Nous nous sommes glissés dans les eaux bouillantes d’un bain russe installé dans le parc, avons couru pieds nus dans la neige, nous sommes étendus dans sa blancheur glacée. Sommes rentrés fourbus pour terminer la soirée, papotant à voix basse à la lueur des bougies.

Le dernier jour

Puis la fin de la résidence est arrivée. Si vite. Si triste. Camille, Julie, Béatrice, Suzanne, Caroline, puis Sufo Sufo, Luc, Penda, Thierry et Thomas, tous ont fait leurs valises. Nous les avons accompagné à l’aéroport, nous sommes embrassés. Et avons nous-mêmes repris la route. Mais nous allons bientôt nous parler, nous revoir. Le tome 5 sortira, plein de nos rencontres, des moments merveilleux passés ensemble. Les textes vivront au sein de nos formations, dans les ateliers mis en place par les professeurs, les spectacles montés par les troupes de lycéens et d’étudiants, aux Rencontres Théâtrales {francophones} de Poznań, au Festival National de Théâtre pour Jeunes Francophones en Arménie, en Bulgarie et, nous l’espérons, dans le monde entier.

 

À très vite donc,

Et encore merci à tous.

Aurore Chaffin

Rédactrice

 

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